Voici le premier article d’une série qui se voudra de plus en plus technique : la photographie d’animaux en studio. j’ai voulu ici présenter dans les grandes lignes le shooting animalier en studio, et la corrélation que l’on peut en faire avec un shooting mode ou portrait, finalement pas si éloigné… Suivez le guide !
Raconter une histoire, et s’en donner les moyens
À CONSULTER ÉGALEMENT : Pour en savoir plus sur les animaux domestiques…
Comme pour la photographie de mode, le shooting animalier en studio répond à des impératifs techniques précis : la photo doit raconter une histoire, dès le premier regard, elle doit partager une envie, une émotion, un désir, véhiculer un message…
Mais elle doit également ne laisser le doute à aucune erreur ! Vous êtes en studio, la lumière doit être parfaite, les flous maîtrisés et la netteté toujours là où elle devrait être.
Pour ce faire, l’utilisation de matériel adéquat est impératif, et le reflex numérique (à mon sens) obligatoire, avec l’utilisation de flashs de studio. Si vous souhaitez photographier le prochain défilé pour la collection Chloé, ce n’est pas avec votre smartphone dernier cri que vous pourrez faire la couverture de Vogue. En shooting animalier, c’est la même chose : il vous faudra utiliser un matériel réactif, autorisant une visée précise, et procurant des images qualitatives !
Du fait que les animaux sont de moindre taille (je parle évidemment des chats et chiens) l’utilisation d’un zoom transtandard ou d’un petit télézoom sera une solution idéale dans 95% des cas.
Pour ma part, le 24-105/4 et le 70-200/2.8 sont mes deux objectifs favoris. Avec les animaux je n’utilise jamais de focale fixe, car contrairement aux mannequins humains, ils savent rarement rester immobiles et il est impératif de pouvoir rectifier son cadrage très rapidement : en cela, le zoom offre beaucoup de souplesse et évite de devoir se déplacer sans cesse (ce qui, si vous êtes à hauteur de vos sujets, c’est-à-dire à genou, assis voire couché au sol, peut très vite se révéler extrêmement pénible !!!)
Il m’arrive d’utiliser ponctuellement une focale fixe ultra-lumineuse (85/1.8 par exemple) pour certaines prises de vue spécifiques avec un rendu très particulier, mais un 70-200/2.8 permettra de réaliser énormément de variations photographiques en jouant avec les flous, si vous aimez les faibles profondeur de champs.
En photo de mode, l’une des principales erreurs consiste à se focaliser uniquement sur le vêtement, alors que c’est l’attitude du mannequin qui soit retenir toute votre attention pour mettre en valeur ce vêtement. Et bien avec les animaux, c’est exactement la même chose, au détail que vous devrez, selon la race ou l’espèce, connaître les attitudes et positions mettant en valeur le phénotype de l’animal (Je reviendrai plus en détail sur ces éléments dans de futurs articles, déclinés pour chaque type d’animal)
Au final, c’est le cumul de ces trois conditions qui régiront la réussite de votre photographie :
- utiliser le matériel adéquat (télézoom lumineux, éclairages à deux ou plusieurs sources selon l’effet voulu)
- se focaliser sur l’attitude de votre sujet pour mettre en valeur son physique
- capter un regard, une émotion, raconter quelque chose
S’inspirer des maîtres… pour commencer
Si en photo de mode, le maquillage et la coiffure de votre mannequin sont importants, en animalier, la propreté et la présentation de votre sujet est primordiale : n’espérez pas faire de belles photo de studio avec un chat ou un chien non toiletté !
Le toilettage, tout comme le maquillage, sera d’autant plus mis en valeur que votre éclairage sera travaillé afin de mettre en valeur ou suggérer les formes et couleurs de l’animal photographié.
En matière de style, tout est permis ! N’hésitez pas à vous inspirer des « maîtres » de la photo d’animaux en studio en la matière (Lewis Blackwell, également auteur du superbe « Arbres extraordinaires », Yann Arthus Bertrand en son temps, ou encore Rachael Hale, la « Anne Geddes » des chats avec son sublime « Gueules de chats ») mais souvenez-vous que vous devez trouver votre propre style !
Pour cela, vous devrez idéalement « diriger » votre modèle et donc, collaborer finement avec le maître ou la maîtresse de chaque animal, user de subterfuges parfois étonnants pour attirer son attention la fraction de seconde nécessaire à réaliser votre image.
Pour progresser, il est tout à fait envisageable de tenir un journal de bord afin de marquer toutes les améliorations à prévoir, les idées à utiliser… Bien sûr, le matériel – je parle ici du décor éventuel – a aussi une place de choix puisqu’il sera en partie responsable du résultat même si votre regard est également important. Je n’en ai que peu utilisé jusqu’à présent, mais j’ai justement noté beaucoup d’idées dans le passé, que je compte bien mettre en oeuvre dans un futur proche !
Et la retouche dans tout ça ?
Pour ma part, au même titre que la très grande majorité des photographes mode / studio, et plus encore du fait qu’avec les animaux c’est toujours « compliqué », je retouche mes photos. Pas seulement pour corriger les erreurs d’éclairage (qui peuvent parfois survenir, mais rarement) mais le plus souvent pour « nettoyer » les images de leurs imperfections.
Exemple de retouche sur un bouvier bernois
L’utilisation de fonds unis, et plus particulièrement blancs ou noirs, facilite grandement ce travail. À contrario, utiliser des fonds de couleur rend souvent la retouche difficile, car les ombres deviennent bien moins aisées à retravailler s’il y a des anomalies lors de la prise de vue (ce qui, sauf à disposer d’un studio très spacieux et de beaucoup de matériel d’éclairage studio, n’est pas si rare !)
Quand il s’agit de studio, je n’ai strictement aucun scrupule à passer par la case retouche : Adobe Lightroom est un allié de choix, couplé parfois à Photoshop, pour les cas les plus difficiles (mais généralement on fait en sorte d’éviter cette étape fastidieuse et coûteuse en temps !)
Dans la nature : l’alternative « à la mode » !
Aussi étrange que cela puisse paraître, de plus en plus de photos de mode sont réalisées en extérieur, voire carrément dans la nature. D’ailleurs, de nombreux portraitistes pratiquent quasi exclusivement la photographie en milieu naturel, parfois même sans ajout de sources lumineuses, préférant jouer avec les nuances naturelles des éclairages de début et de fin de journée.
Il est tout-à-fait possible de pratiquer de même avec les animaux domestiques, et c’est d’ailleurs ce qui est le plus souvent réalisé chez les photographes animaliers. J’ai énormément réalisé d’images par ce biais, avec les difficultés engendrées par ce type de prise de vue :
- le risque de fuite des animaux (eh oui : exit les harnais, colliers et autres artifices peu esthétiques !)
- la nécessité d’utiliser de grandes ouvertures pour « flouter » les arrière-plans toujours trop présents
- la difficulté inhérente à l’espace donné aux sujets (qui dit plus d’espace, dit plus de liberté, de mouvements et donc moins d’opportunités d’avoir un cadrage idéal…)
- les problématiques du toilettage en extérieur
Le gros avantage est que l’on pourra utiliser de longues focales : 300/2.8, voire 500/4, avec les rendus que vous imaginez, tout bonnement impossibles à obtenir en studio !
Conclusion : animaux mannequins ?…
À mes yeux, il ne fait aucun doute que le shooting animalier en studio demande des moyens techniques et des aptitudes spécifiques pour une pleine réussite. Tout comme le photographe de mode dirige ses modèles, le photographe animalier doit maîtriser et capter les attitudes idéales de chacun de ses sujets, avec le bon cadrage, la bonne lumière, et surtout le bon timing pour le déclenchement.
En cela, la connaissance des particularités de chaque sujet (chat, chien, etc.) est absolument primordiale, au même titre que la maîtrise de la lumière et du matériel de prise de vue !
A tenter avec mes furets, même si avec mon matos et la meilleure volonté du monde, j’ai beaucoup de mal à les faire tenir en place ^^