5 astuces pour le photographe animalier qui réussit

Cerfs élaphes durant le brâme
Cerfs élaphes dans une clairière durant le brâme

En attendant la sortie de mon nouveau livre (qui sortira dans un premier temps au format électronique), voici une petite mise en bouche, sur les 5 astuces qui feront de vous un photographe animalier qui réussit ses photos… 

Ces astuces sont issues de mon expérience de terrain, de l’interprétation de mes nombreux échecs, et constituent le socle des connaissances indispensables pour garantir de bons résultats sur le terrain. Il ne s’agit pas de formules magiques, mais de  conseils de photographes que j’ai appliqué au gré de ma progression pratique, et qui s’avèrent essentiels pour réussir ses photos.

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Astuce n°1 : TOUJOURS préparer sa sortie

Aussi basique qu’elle puisse paraître, cette astuce constitue pourtant le B-A-BA de ce qu’il faut mettre en pratique lorsque l’on fait de la photographie animalière. Préparer sa sortie, ce n’est pas seulement savoir où l’on va se rendre, à quelle heure et quelle méthode nous allons employer (approche ? affût ?…)

Préparer sa sortie, c’est aussi connaître les sujets l’on va envisager de photographier, savoir quels sont leurs comportements usuels, comment on pourra appréhender la séance, quel type de camouflage utiliser, de quels sens se méfier le plus (ouïe, odorat, vue…)

Mais c’est également… vérifier les réglages de son boîtier, et plus particulier la présence de batterie chargée et de carte mémoire dans l’emplacement prévu à cet effet ! J’ai de nombreuses anecdotes de « ratages » pour de simples oublis que l’on ne devrait jamais faire. Comme ce pygargue à queue blanche, photographié dans des conditions extraordinaires et absolument inattendues… en JPEG basse définition, ou cet affût au chevreuil, raté parce que je n’avais pas mis de carte mémoire dans mon boîtier !

Astuce n°2 : se focaliser sur son objectif !

Cette astuce, à double tiroir, signifie à la fois qu’il faut se fixer un but (exemple : une espèce à photographier) pour chacune de ses sorties, mais également ne pas emmener l’ensemble de son matériel, et ce pour deux raisons :

  • vouloir photographier à la fois le demi-deuil posé devant vous et le busard saint-martin qui survole la clairière où vous vous trouvez est un non-sens, et synonyme de double échec !
  • changer d’objectif en voulant changer de sujet est la meilleure façon de manquer son cliché et/ou de se faire repérer, et définitivement clore votre sortie…

La meilleure méthode consiste donc à se fixer UN objectif à photographier, et à n’utiliser qu’UN objectif photographique ! Je parle d’expérience et j’ai mis des mois à comprendre que chacune de mes sorties infructueuses l’était parce que je m’éparpillais sans cesse, à toujours vouloir revenir avec des photos, plutôt qu’avec LA photo que j’avais en tête. Et se limiter à un objectif précis, permet également de développer son sens artistique et de rechercher de nouveaux angles et points de vue.

Astuce n°3 : ne pas confondre vitesse et précipitation

Trop souvent, et plus particulièrement sur les animaux sensibles au bruit ou au mouvement, le débutant fait l’erreur de vouloir à tout prix faire une photo, plutôt que d’attendre le moment propice, pour faire une vraie séance digne de ce nom.

Sur les deux principaux types de prise de vue animalière, prendre son temps est synonyme de réussite :

  • à l’approche ou en billebaude, prendre son temps est essentiel, à plusieurs titres ! D’abord limiter les risques de se faire repérer en analysant le terrain où l’on va progresser (comme éviter la petite branche qui va casser bruyamment sous son pied trop pressé, ou ressentir les changements de direction de la légère brise qui va trop vite amener votre odeur vers votre sujet), mais également jouer sur votre réussite pratique. Car une approche trop pressée, souvent dans des positions inconfortables (accroupi ou couché), va engendrer essoufflement, hyperventilation et parfois chaleur corporelle élevée, ce qui pourra en hiver, provoquer de la buée sur votre viseur.
  • à l’affût, prendre son temps pour déclencher est indispensable. D’abord pour gagner la confiance de votre sujet, qui sera toujours sur la défensive lorsqu’il va s’installer devant vous. Et également (pour les oiseaux notamment) pour l’accommoder progressivement au bruit du déclenchement. L’exemple typique est de vouloir « lâcher une rafale » dès que l’oiseau se pose. Décollage définitif garanti !!! Le bon sens voudra que l’on attende que l’individu prenne ses marques, et que l’on tente d’abord un déclenchement (si possible en mode silencieux), puis deux, puis trois… Jusqu’à pouvoir (enfin) mitrailler sans risque, une fois le spécimen accommodé de ce bruit initialement suspect, mais finalement sans danger.

Astuce n°4 : rechercher la netteté !

La netteté n’est pas toujours là dans le sens où on la cherche. Et il peut même arriver que le photographe n’en désire pas (flous artistiques, etc.) mais de manière générale, c’est ce qui permet au regard de se poser sur la photo, et c’est ce qui participe à la réussite d’un cadrage ou d’une mise en perspective.

L’antithèse de la netteté s’exprime au travers de plusieurs choses : flou de bouger, manque de piqué, mauvaise mise au point, flou de mouvement… La netteté passe donc par diverses étapes que le photographe va devoir anticiper :

  1. S’assurer d’utiliser son matériel au meilleur de ce qu’il peut lui donner : certains objectifs donnent le meilleur d’eux-mêmes au centre de l’optique, et à un diaphragme (ouverture) qui n’est généralement ni le plus lumineux, ni le plus fermé. Il faut donc veiller à si possible employer son matériel là où il est le meilleur.
  2. S’assurer que la vitesse d’obturation est suffisante pour figer le mouvement ET pour éviter le flou de bouger : si aujourd’hui la plupart des optiques [ longues focales ] sont équipées de stabilisation optique (voire certains boîtiers), cela ne permet que d’améliorer la netteté inhérente à la focale utilisée (une règle de base en photographie dit que l’on doit utiliser une vitesse inverse à la focale, soit par exemple 1/500ème de seconde pour une optique de 500mm en 24×36) ; cette règle permet de s’affranchir des risques de bouger, mais en aucun cas des mouvements de son sujet ! Il faut donc veiller à utiliser une vitesse suffisante pour figer (si le photographe le désire) le mouvement de l’animal photographié, et pour cela il n’y a pas de règles particulières. On parle de 1/1000ème pour un oiseau en mouvement, et de… 1/10000ème (voire bien plus !) pour un papillon en vol !
  3. Rechercher la stabilité : si en affût cela coule de source puisqu’on utilisera idéalement un bon trépied ou un appui équivalent, à l’approche, c’est une autre paire de manche ! J’utilise souvent le monopode avec les longues focales (300mm f/2.8 ou plus), car il apporte un certain gain de stabilité et un bon confort à la prise de vue, mais il peut également, calé simplement contre un arbre, s’avérer tout aussi stable qu’un trépied costaud. L’appui est donc primordial quelle que soit la prise de vue ! En macro, j’utilise une pince de bricolage sur l’un des pieds de mon trépied, et je m’en sers d’appui en y posant mon objectif : un moyen simple de gagner en vitesse d’approche vis à vis des insectes, tout en garantissant une excellente stabilité.

Astuce n°5 (qui n’en est pas une) : respecter la nature et ses habitants !

Cela se résume à plusieurs petites choses, qu’il est absolument essentiel de connaître lorsque l’on pratique la photographie animalière. D’abord prendre en considération sa propre expérience (ou son inexpérience) pour appréhender les limites que l’on peut atteindre, avant d’envisager de ne pas faire de clichés.

La photographie au nid est le parfait exemple du type de photo qui nécessite une grande connaissance de l’espèce d’une part, mais également une préparation absolument énorme pour limiter, et idéalement éradiquer tout risque de mettre la couvée en danger. Je me souviens des photographies de mes amis James Baudrillard et Rémy Courseaux, de busards cendrés au nid, qui avaient fait polémique, et qui pourtant avaient fait l’objet de près de deux ans de préparation, tant le sujet était sensible.

Ce type de photographies, je me suis toujours personnellement interdit de le pratiquer, d’abord parce que je n’en avais pas les compétences techniques, mais aussi parce que je considère toujours que ce que font les autres, leur appartient, et que reproduire des exploits qui pourraient potentiellement mettre en danger les animaux, n’a pas sa place dans la photographie de nature au sens où je l’entends.

L’autre facette du respect de la nature, est le respect de l’environnement au sens strict du terme, et plus particulièrement du milieu de vie de nos sujets. Couper un arbre à des fins photographiques est un non sens. Comme couper les herbes gênantes pour réaliser « la » macro du siècle !

Enfin, le respect de la nature passe par le respect des sujets photographiés. La manipulation d’espèces est chose malheureusement courante, et s’il est sans conséquence grave de manipuler une mante religieuse pour la positionner sur une plante gracieuse, bouger des amphibiens au risque d’endommager leur épiderme sensible uniquement à des fins esthétiques sans prendre les précautions nécessaires, ou mettre des proies sciemment face à leur prédateur dans l’optique de « faire » la scène de prédation, relèvent à mon sens du manque d’éthique absolu.
 

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