Photographier les vaches

Il peut paraître étrange de consacrer une partie du site à la vache : ce gros bovidé, très courant dans nos campagnes, est pourtant un compagnon de route du photographe animalier qui arpente monts et vallées à la recherche de ses sujets de prédilection.

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Il n’est pas rare de voir ce même photographe s’essayer à la « vache attitude » quand chevreuils et autres petits prédateurs ne sont pas au rendez-vous. En effet, si les chats, chiens et chevaux sont des sujets plus courants que la vache, cette dernière est bien la seule à répondre toujours présente aux heures les plus matinales de la journée, comme aux plus tardives !

Vaches au pré
De retour à sa voiture au petit matin, le photographe animalier immortalise ces sympathiques bovidés qui l’accompagnent du regard.
Canon EOS 300D, 300 mm, f/5.6, 1/100 s, 100 ISO

En découlent souvent de magnifiques photographies, de part les lumières et ambiances que seuls les lève-tôt ou les couche-tard connaissent. Au-delà de cet aspect paysager, l’animal n’est pas en reste : son allure inimitable et sa sympathie naturelle font de la vache un sujet finalement très photogénique, qui fait se creuser le photographe pour la composition et l’approche technique de sa prise de vue, soucieux de toujours rapporter de beaux clichés de son lot de consolation préféré !

Curieuse et disponible

Tout comme les animaux familiers proches de l’homme, la vache est très curieuse : il n’est pas rare que les habitantes d’un pré viennent vous observer – parfois bruyamment – quand vous progressez le long de leur clôture, en quête de quelque habitant des lisières voisines.

Groupe de vaches le long d'une clôture
Scène typique du troupeau agglutiné derrière la haie et observant curieusement le photographe, qui ne peut que quitter les lieux, démasqué aux yeux de la faune environnante.
Canon EOS 5D, 500 mm, f/5.6, 1/400 s, 100 ISO

Évitez cependant de leur accorder trop de confiance et de pénétrer dans un pré dont vous n’avez pas l’habitude : il arrive que ces dames soient accompagnées, et malgré les apparences, il n’y a pas que les taureaux capables de charger un inconnu !

En France et plus généralement en Europe, nombreuses sont les races bovines à hanter les pâturages. Néanmoins, il est rare d’en rencontrer plus de trois ou quatre différentes dans la même région, chacune étant généralement très spécialisée : viande, lait, production de spécialités fromagères… Mais toutes ont un point commun : celui d’être au pré une grande partie de l’année sans en décoller, sauf pour la traite journalière concernant les laitières. De quoi alimenter la photothèque de l’amateur ou du passionné.

L’autre particularité de la vache est qu’elle vit en troupeau et mène une vie sociale avec ses congénères. Cela donne là de nombreuses occasions de travailler vos cadrages pour rechercher l’originalité en jouant sur la profondeur de champ ou l’étalage des différents plans dans vos photographies, voire de composer vos paysages quand elles y apparaissent au loin.

Portrait de vache Aubrac
Vaches Aubrac, typiques sur le causse Méjean. Il est relativement aisé de réaliser des portraits intéressants en jouant sur le positionnement des animaux dans l’espace.
Canon EOS 5D, 500 mm, f/5.6, 1/800 s, 200 ISO

Prise de vue : ambiance et lumière d’abord

Le simple fait de pouvoir la rencontrer aux meilleures heures de la journée pour la photographie fait de la vache un sujet sur lequel le photographe va travailler l’ambiance. Les brumes matinales balayées par les rayons naissants du soleil offrent des ambiances spectaculaires, dont les couleurs chaudes alliées à la douceur de la lumière permettent d’obtenir des contre-jours des plus esthétiques, sans sombrer dans des contrastes destructeurs.

Vache Prim’holstein au lever du jour
Vache Prim’holstein au lever du jour, baignée dans la brume matinale aux reflets dorés.
Canon EOS 5D, 500 mm, f/5.6, 1/800 s, 100 ISO

Quel photographe n’a pas pesté devant ce spectacle féerique, se demandant pourquoi il n’avait pas un cerf ou un renard en lieu et place du bovidé occupant le champ de son viseur ?

Il y a un intérêt à réaliser des photographies de vaches dans ces conditions : acquérir la maîtrise des lumières particulières du matin. Ainsi lorsque vous vous retrouverez en situation avec un animal sauvage, vous aurez plus d’expérience et augmenterez d’autant vos chances de réaliser « le » cliché tant attendu.

C’est généralement près des cours d’eaux, dans les prés et pâtures humides, que l’on a le plus de chance de trouver de la brume au lever du jour. Certaines vallées vallonnées offrent aussi ce spectacle magnifique quand les nuits sont fraîches.

Une pluie nocturne ayant suivi une journée de chaleur donnera également d’excellentes possibilités de brume légère flottant au-dessus du sol, juste de quoi masquer les pattes de nos bovidés.

En matière de prise de vue, on exposera toujours en premier lieu pour les hautes lumières de manière à préserver au maximum les détails du ciel, souvent magnifique dans ces conditions. Les vaches bougeant très peu, il sera même possible de procéder à des prises de vue sur trépied en utilisant le bracketing d’exposition en vue de travailler ensuite les images en High Dynamic Range.

A contrario des chevaux, la présence de clôtures sur les photographies de vaches n’est pas choquante, en ce sens qu’elles font partie de la représentation usuelle de l’animal aux yeux du plus grand nombre. Si vous le pouvez, essayez cependant d’éviter l’apparition systématique des barbelés et autres bacs d’eau.

En milieu vallonné, la prise de vue en contre-plongée permet d’éviter la présence d’éléments perturbateurs comme les clôtures et autres barbelés. On a ici mis à contribution le contre-jour pour obtenir une ombre chinoise intéressante, en mesurant l’exposition sur le ciel plutôt que la vache, de fait largement sous-exposée.
Canon EOS 5D, zoom 70-200 mm à 135 mm, f/6.3, 1/8000 s, 400 ISO

Enfin, tout comme le cheval est un compagnon de travail pour l’homme, la vache est la digne représentante de l’élevage dans nos campagnes. Le vacher accompagné de son chien venant chercher ses bêtes au pré est un spectacle que l’on peut encore observer de nos jours, et qui offre nombre d’occasions de réaliser de beaux clichés.

L’éleveur vient prendre soin de ses charolaises, quelques minutes avant la tombée de la nuit. Le choix du 500 mm a permis d’écraser efficacement les perspectives et d’équilibrer l’image avec la présence du chêne.
Canon EOS 5D, 500 mm, f/5.6, 1/100 s, 400 ISO, –0.7 EV en correction d’exposition

Au niveau matériel, les règles seront sensiblement les mêmes que pour le cheval : l’utilisation d’une longue focale (300 mm ou plus) est indispensable pour montrer convenablement l’animal dans son environnement. Un zoom 70-200 mm permettra de réaliser portraits et gros plans sans trop s’approcher des animaux.

On peut le cas échéant s’essayer à quelques photographies surprenantes au grand-angle ou à l’ultra-grand-angle à très courte distance sur les vaches, qui se prêtent à merveille à ce type de cliché, mais les possibilités sont vite limitées. Rendre les vaches dans leur environnement sera donc généralement profitable au photographe.

L’étonnant ciel du début de matinée dans les hauteurs pyrénéennes équilibre la composition décalée de cette photographie.
Canon EOS 5D, 24 mm avec filtre polarisant, f/8, 1/160 s, 100 ISO, –0.7 EV en correction d’exposition

En résumé

Le matériel idéal…

  • Téléobjectif de type 70-200 mm, longue focale lumineuse (300 mm ou plus)

Pour les photographier…

  • Tôt le matin, ou en toute fin d’après-midi, quand le soleil se couche
  • Privilégier les vaches en troupeau pour composer vos images
  • Penser aux interactions entre les vaches et leur éleveur, souvent intéressantes à observer et photographier

Attitudes à connaître…

  • Éviter de pénétrer dans un pré dont vous n’avez pas l’habitude
  • Prendre en considération que les vaches sont curieuses, et rester discret lors de vos prises de vue

En savoir plus sur la photo de vaches

Pour en apprendre un peu plus sur les vaches d’Europe, découvrir les races bovines et vous donner envie de tenter l’expérience de la photographie de vaches, voici quelques exemples de mes errances photographiques après de nos bêtes à cornes !

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