Découverte : Mulot sylvestre

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Dans la pénombre feutrée des sous-bois, un bruissement furtif trahit parfois la présence d’un minuscule acrobate : le mulot sylvestre (Apodemus sylvaticus). À peine la litière de feuilles a-t-elle frémi que l’animal a déjà disparu, happé par l’écheveau de racines et de mousses. Le photographe naturaliste qui croise son chemin ressent instantanément ce mélange d’excitation et d’humilité propre aux rencontres éphémères, quand la nature consent à livrer un fragment de son intimité.

Observer – et encore plus immortaliser – ce rongeur relève pourtant du défi : créature nocturne, méfiante et véloce, il impose de conjuguer technique, patience et sensibilité. Appelé aussi souris sauteuse, le mulot sylvestre (Apodemus sylvaticus) se trouve aussi dans les parcs et jardins, et parfois même dans les habitations (caves, greniers…) ; chez nous, il fait parti de ces espèces qui hantent notre terrain, transformant ce dernier en véritable champs de mine avec toutes les galeries qui s’affaissent avec la sécheresse ! L’occasion de le photographier : suivez le guide !

Description du mulot sylvestre

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Petite silhouette effilée de 8 à 12 cm (hors queue), pelage brun fauve ourlé d’un ventre gris-blanc, longues oreilles ovales et yeux charbonneux : telle est la physionomie la plus courante du mulot sylvestre. Sa queue, finement annelée et légèrement velue, atteint souvent la longueur du corps, ce qui accentue son allure gracile.

Mulot sylvestre
Mulot sylvestre (Apodemus sylvaticus)
EOS 5D mark II + Canon EF 70-200/2.8 L IS USM à 200m,
f/4.0, 1/100ème, 2000 ISO

Morphologiquement, l’espèce appartient à la famille des Muridés ; elle se distingue par des pattes postérieures puissantes, taillées pour les sauts, et par un museau allongé, gage d’un odorat fin. Le dimorphisme sexuel est discret : les femelles pèsent rarement plus de 25 g tandis que certains mâles dépassent 30 g en fin d’automne, période de stockage intensif des réserves.

Adaptable, le mulot fréquente l’Europe tempérée jusqu’à 2 500 m d’altitude : friches, lisières, bocages, vergers et jardins lui offrent gîte et couvert. Sa capacité à occuper des milieux anthropisés explique son relatif succès démographique, et l’expose parfois aux incompréhensions des habitants ruraux.

Les signes distinctifs du mulot sylvestre

Identifier un mulot « à coup sûr » implique d’examiner quelques critères clés :

  • Queue presque aussi longue que le corps, bicolore (dessus sombre, dessous clair).
  • Oreilles grandes, dépassant nettement le crâne quand elles sont rabattues.
  • Yeux globuleux, noirs et luisants – indice d’activité nocturne.
  • Pattes postérieures hypertrophiées, adaptées aux bonds de près de 90 cm.
  • Absence de véritable « collier ocre » complet : cette bande caractérise plutôt le mulot à collier (A. flavicollis).
CritèreMulot sylvestreSouris domestiqueCampagnol des champs
Longueur du corps8 à 12 cm7 à 10 cm9 à 13 cm
Longueur de la queue= corps ± 10 %< corps≪ corps
OreillesGrandes, ovalesPetitesCourtes, arrondies
YeuxProéminentsModérément proéminentsPetits
Pattes arrièreLongues, puissantesCourtesTrès courtes

Comportement et alimentation

Crépusculaire et surtout nocturne, le mulot organise un réseau de galeries simple mais stratégique : une chambre-nid garnie d’herbes sèches, plusieurs sorties de secours et des caches où il entasse graines et fruits d’automne. Cette activité de « grainetier » contribue à disséminer de nombreuses essences forestières, faisant de lui un jardinier involontaire.

Omnivore opportuniste, il consomme principalement :

  • Graines de chêne, hêtre, charme, noisetier
  • Baies, champignons et racines
  • Invertébrés (coléoptères, limaces) au printemps
  • Occasionnellement œufs ou chauves-souris hibernantes en hiver

Très agile, il grimpe aisément aux arbrisseaux, nage si nécessaire et se dresse sur ses pattes arrière pour inspecter les alentours en un « mouvement de suricates ». Les bonds spectaculaires, fruits de ses membres postérieurs musclés, lui valent le surnom populaire de « rat sauteur » ou « souris sauteuse ».

Comment photographier le mulot sylvestre ?

Capturer l’image d’un mulot exige d’abord de comprendre son rythme : privilégiez les bordures de clairières au crépuscule ou les abords d’un tas de bois éclairé par la lune. Un affût bas, camouflé par un filet et installé la veille, limite les perturbations. La technique du déclencheur infrarouge ou de la barrière laser s’avère précieuse quand la lumière chute brusquement.

Mulot sylvestre sur une branche

Pour ma part, j’ai utilisé deux types de prise de vue : l’une dite « active » (à l’affût avec téléobjectif), et l’autre « passive » avec capture préalable par le biais d’une cage piège.

Le mulot sylvestre en prise de vue à l’affût

  • Optique : focale de 200-400 mm ouvre à f/4–f/5,6 ; plus courte si l’on souhaite intégrer l’habitat.
  • Vitesse : min. 1/100 s pour figer, mais tentez 1/20 s sur trépied pour évoquer la course (filé).
  • ISO : 1600-3200 sur capteur récent ; le bruit reste contenu et la dynamique suffisante.
  • Éclairage : flash cobra déporté sous diffuseur ou mini-boîte à lumière ; réglez-le à –1 IL pour conserver l’ambiance nocturne.
  • Profondeur de champ : à courte distance, une ouverture modérée (f/8) évite la perte de netteté due aux mouvements brusques, tout en limitant la diffraction sur les petits capteurs.

Pensez à disposer, hors du champ de la photo, quelques glands ou baies : l’animal sera occupé à grignoter et prolongera son stationnement, ce qui multiplie les chances de saisir « l’instant décisif ». Bien évidemment, n’utilisez jamais d’appâts susceptibles de nuire à sa santé ou de déséquilibrer le milieu !

Voici à ttre indicatif, des exemples de paramètres

ScèneOuvertureVitesseISOÉclairageRésultat recherché
Portrait rapproché nocturnef/5,61/100 s1600Flash –1 ILSujet figé, fond velouté
Action (bond) crépusculef/41/800 s3200Lumière naturelleMouvement stoppé
Ambiance forêt au lever du jourf/111/20 s800 à 1600Sans flashDécor contextuel, flou de mouvement

Le mulot en prise de vue après capture

Ce fut la technique que j’ai utilisé pour les photographies de mulots de cet article. Par piégeage, j’entends bien entendu capture de l’animal par le biais d’une cage piège, dont l’usage initial était de protéger un minimum mon jardin de l’infestation des micromammifères (extrêmement abondants chez moi…)

La photo « passive » après capture passe nécessairement par l’utilisation d’un stratagème pour d’une part éviter que votre sujet ne bondisse et disparaîsse définitivement (le mulot sylvestre est un excellent sauteur !), et d’autre part autorise une prise de vue sans éléments gênants.

La photo ci-après a donc été réalisée après piégeage (capture) puisque nous en attrapons chaque nuit dans de petites nacelles, que nous relâchons à 500m de là en lisière de forêt, bien loin de notre jardin… Inutile de vous dire que photographier ces micro-mammifères nécessite la mise en œuvre de techniques variées, ici l’aquarium (contrairement au campagnol roussâtre photographié l’an passé « en liberté »)

Mulot sylvestre
Gros plan sur la souris sauteuse (autre nom du mulot sylvestre)
EOS 5D mark II + Canon EF 70-200/2.8 L IS USM à 200m + bague allonge 25mm,
f/4.5, 1/125ème, 1600 ISO

Voilà le secret : j’ai opté pour l’utilisation d’un vieux aquarium « bidouillé » que j’ai retourné sur mon sujet. Il y a une très légère perte de piqué à la clé (puisque les vitres d’un aquarium ne sont pas de qualité extraordinaire mais cela permet de garantir une ambiance « naturelle » pour immortaliser votre spécimen.

Questions/réponses sur le mulot sylvestre

Le mulot sylvestre est-il protégé en France ?

Non, l’espèce n’est pas inscrite sur les listes de protection ; elle bénéficie cependant indirectement des mesures de conservation des milieux forestiers.

Peut-on observer le mulot sylvestre de jour ?

Rarement : l’activité diurne concerne surtout les jeunes inexpérimentés ou les individus pressurés par le manque de nourriture. Vos meilleures chances restent l’aube et le crépuscule.

Quelle différence entre mulot et souris ?

Si la queue est plus courte que le corps et que l’animal présente de petites oreilles, il s’agit vraisemblablement d’une souris. Un mulot exhibe un œil proéminent et saute davantage qu’il ne trotte.

Les mulots propagent-ils des maladies ?

Ils peuvent être vecteurs, comme d’autres rongeurs, de bactéries (Leptospira) ou de virus transmis par l’urine. Les risques demeurent faibles, mais des mesures d’hygiène simples (gants lors du nettoyage d’un grenier) s’imposent.

Quel déclencheur conseiller pour les prises de vue par piégeage automatique d’un mulot ?

Un capteur infrarouge ou une barrière laser ajusté à 20 cm du sol, couplé à un boîtier-relais radio, permet des captures efficaces sans fil apparent. Plusieurs kits existent, compatibles avec les principales marques de reflex numérique ou hybrides.

Comment se débarrasser des mulots au jardin de manière écologique ?

Favoriser les prédateurs (rapaces, mustélidés) en évitant de les éloigner s’avère plus écologique qu’un piégeage systématique. L’utilisation de pièges-cages (nacelles) est également efficace mais nécessite de les relâcher loin de votre domicile chaque jour.

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