Observer un lapin de garenne dans son habitat naturel, c’est s’offrir un instant suspendu, entre furtivité et délicatesse. Ce petit mammifère, emblématique des paysages champêtres, fascine autant par sa vivacité que par sa capacité à se fondre dans le décor. En photographie animalière, il représente un défi subtil : capturer l’instant sans trahir sa présence, composer avec la lumière, et respecter le rythme discret de la nature. À la croisée de la patience et de l’observation, il impose une approche mesurée et une véritable compréhension de son comportement.

Photographier le lapin de garenne, c’est entrer dans un monde feutré où chaque mouvement compte, où l’on apprend à ralentir, à écouter, à guetter l’invisible. C’est aussi renouer avec une forme d’humilité face au vivant, en se laissant guider par les rythmes naturels, loin de toute précipitation. Le regard du photographe se fait alors plus attentif, plus instinctif, pour capter l’instant où l’animal surgit, frissonne, s’immobilise — et où, soudain, tout prend vie dans l’objectif.
À CONSULTER ÉGALEMENT : Pour en savoir plus sur la photographie des mammifères…
Le lapin de garenne en quelques mots
Le lapin de garenne (Oryctolagus cuniculus) est un petit mammifère lagomorphe, emblématique des prairies et lisières d’Europe occidentale. Bien qu’il soit souvent confondu avec le lièvre, il possède des spécificités morphologiques et comportementales qui en font un sujet de choix pour la photographie animalière.

Doté d’un pelage brun-grisâtre, de longues oreilles bordées de noir et d’une queue blanche très visible lorsqu’il détale, ce rongeur au regard vif se montre discret, mais pas insaisissable. Sa silhouette ronde, sa petite taille (entre 35 et 50 cm) et sa vivacité offrent une grande diversité de compositions, que ce soit en plan serré ou en intégration paysagère.

C’est un animal territorial, fouisseur, qui vit en colonie dans des terriers appelés garennes. Cette organisation sociale complexe permet d’anticiper certaines de ses habitudes et d’optimiser ainsi votre approche photographique.
Caractéristiques et habitudes
Le lapin de garenne est un herbivore strict, se nourrissant de graminées, jeunes pousses, écorces et racines. Cette alimentation influence ses plages d’activité : à l’aube et au crépuscule, il quitte son terrier pour s’alimenter dans les zones herbeuses avoisinantes.

Son comportement est marqué par :
- Une extrême prudence : ses sens très développés, notamment l’ouïe et l’odorat, le rendent réactif au moindre bruit ou mouvement.
- Une hiérarchie sociale affirmée : au sein des garennes, les mâles dominants occupent les meilleurs emplacements.
- Une grande fidélité à son territoire : il y revient inlassablement, ce qui facilite l’installation d’affûts fixes.

Le rythme saisonnier de ses activités mérite également d’être souligné :
- Printemps : période des naissances, activités diurnes plus fréquentes (période idéale pour le photographier !)
- Été : vigilance accrue, périodes d’activité plus réduites en journée.
- Automne : il se nourrit intensément pour préparer l’hiver.
- Hiver : plus discret, mais observable aux abords des garennes par temps dégagé.
Ne pas confondre lapin de garenne et lièvre !
La confusion entre ces deux espèces est courante, mais leur morphologie et leur comportement diffèrent sensiblement. Le tableau ci-dessous vous aidera à distinguer aisément ces deux lagomorphes :
| Critère | Lapin de garenne | Lièvre d’Europe |
|---|---|---|
| Taille | 35 à 50 cm | 50 à 70 cm |
| Oreilles | Courtes, pointes noires | Très longues, extrémités noires |
| Comportement | Vit en groupe dans un terrier | Solitaire, niche à même le sol |
| Démarche | Bond rapide et zigzaguant | Course linéaire, très rapide |
| Activité | Crépusculaire | Diurne et crépusculaire |
Photographier un lièvre nécessite davantage de patience et de terrain découvert, tandis que le lapin de garenne, plus sédentaire, offre des opportunités de cadrage répétées à condition d’une approche fine.


Approche photographique
Capturer le lapin de garenne demande rigueur, discrétion et respect de son habitat. Une préparation minutieuse vous permettra de réaliser des clichés expressifs, révélant toute la délicatesse de cet animal.

Équipements recommandés :
- Téléobjectif (300 mm minimum) pour préserver la distance.
- Trépied bas ou bean bag pour une prise au ras du sol.
- Filets de camouflage ou affût mobile.
Conseils d’approche :
- Repérez les garennes au petit matin ou en soirée.
- Habillez-vous en tons neutres et limitez les mouvements brusques.
- Installez-vous contre le vent pour éviter d’être détecté par l’odorat.
- Privilégiez les prises de vue au ras du sol pour une perspective immersive.
Réglages techniques :
- Vitesse élevée (1/1000s ou plus) pour figer les bonds.
- Ouverture moyenne (f/5.6 à f/8) pour un bon équilibre entre netteté et flou d’arrière-plan.
- ISO adaptable selon la lumière : souvent entre 400 et 1600 au crépuscule.
Questions/réponses sur le lapin de garenne
Le lapin de garenne est-il actif en journée ?
Rarement. Il sort principalement à l’aube ou au crépuscule, périodes durant lesquelles la lumière dorée sublime les textures de son pelage.
Peut-on photographier le lapin de garenne en hiver ?
Oui, mais ses apparitions sont moins fréquentes. Il est plus visible les jours froids et secs, surtout autour des zones de nourrissage.
Peut-on attirer un lapin de garenne avec de la nourriture ?
C’est fortement déconseillé. Toute perturbation alimentaire peut nuire à l’équilibre de la colonie et altérer ses comportements naturels.
Le lapin de garenne vit-il uniquement dans les champs ?
Non. On le trouve aussi en lisière de bois, dans les dunes, les landes et parfois même en zone semi-urbaine. Il s’adapte tant qu’il peut creuser un terrier et se nourrir à proximité.
Conclusion : une petite boule de poils attachante
Photographier le lapin de garenne, c’est s’immerger dans un monde feutré, où chaque geste compte et où la patience est reine. Cet animal farouche mais fidèle offre au photographe attentif des instants d’une rare poésie visuelle. Son regard vif, ses bonds imprévisibles, ses jeux d’ombre au cœur des herbes folles sont autant d’invitations à capturer la nature dans son expression la plus simple et la plus vivante.

Loin d’être un sujet anodin, le lapin de garenne incarne l’essence même de la photographie animalière : humilité, observation, et émerveillement. En l’abordant avec respect, vous deviendrez le témoin discret d’une vie tapie sous les fourrés, riche d’enseignements et de beauté.




