Les photographes animaliers en herbe le savent : l’hiver est souvent une période propice pour réaliser des clichés d’oiseaux, à qui l’on peut proposer, comme dans un échange de bon procédé, gîte et couvert avec une promiscuité suffisamment intéressante pour les deux parties.
Si les techniques de prise de vue n’ont plus de secrets pour vous, qu’en est-il des bonnes habitudes à prendre (et à garder !) concernant l’apport de nourriture durant la période hivernale pour nos amis ailés ? Voici un point détaillé sur la question, en 5 points importants, que vous devrez respecter, quoi qu’il arrive pour ne pas les mettre en danger !
Des règles de bonne conduite quand on nourrit les oiseaux
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Quand on apporte une supplémentation alimentaire à nos amis ailés (car ils savent tout-à-fait se nourrir seuls, mais qu’il est important de les aider à faciliter le passage de la mauvaise saison), il est des règles – des commandements – à respecter, afin d’éviter de les mettre en danger, et de nuire à leur santé, ou même leur survie. Explications.
Règle n°1 : du bio et du naturel, tu donneras
Le choix de la nourriture est d’une importance capitale quand il s’agit de faune sauvage : dans le cas des oiseaux, éviter les aliments transformés est absolument essentiel !
Les aliments à privilégier sont donc :
- les graines brutes (si l’on ne devait en donner qu’une sorte, ce serait des graines de tournesol strié avec leur écorce)
- des fruits de saison (en hiver : pommes et poires, pour l’essentiel, dont les grives et merles raffolent)
- quelques fruits à coque (noix, noisettes… non traitées, non salées bien évidemment !)
Si les boules de graisse du commerce ne sont pas à proscrire, les sortir des petits filets à suspendre permettra d’éviter que les passereaux les plus fragiles ne se retrouvent les pattes piégées dans les mailles. On peut les piquer sur des supports afin de les garder à disposition du plus grand nombre d’oiseaux. Il sera toujours plus économique de les fabriquer soi même (on peut les mouler dans une brique de lait usagée, et utiliser de la margarine ou du suif, que l’on fera fondre et que l’on garnira de graines)
Il faut impérativement éviter tout le reste !!! Et plus particulièrement :
- le pain (trop salé, trop riche en gluten, engendrant de sérieux problèmes de digestion et même de malformation chez les oiseaux)
- les produits laitiers de manière générale, et plus particulièrement le lait
- les gâteaux et autres aliments transformés
- les pâtes
- les aliments contenant du sel
Règle n°2 : en sécurité, la nourriture tu disposeras
Si tous les oiseaux ne sont pas capables d’accéder aux mangeoires suspendues (seuls les petits acrobates y parviendront !), il faut veiller à respecter les règles de sécurité afin d’éviter tout risque de prédation, et plus particulièrement si des chats du quartier vagabondent dans votre jardin.
Les mangeoires seront donc placées idéalement en hauteur (1.50m permet d’assurer la sécurité des oiseaux de manière optimale) et surtout, à plusieurs mètres de tout endroit permettant aux prédateurs éventuels de se cacher en embuscade. Il ne faut pas oublier que si beaucoup d’espèces peuvent se nourrir en hauteur, certaines préfèrent chercher leur nourriture au sol : c’est le cas par exemple du rouge-gorge, qui est typiquement un oiseau préférant la terre ferme aux branches élevées.
L’idéal est donc de disposer des mangeoires sur plusieurs niveaux, par exemple autour d’un arbre au milieu du jardin ou d’un verger, avec une bonne visibilité environnante. On y disposera une mangeoire suspendue, un plateau fixe (abrité des intempéries) et des morceaux de fruits au sol.
Règle n°3 : à la mauvaise saison, tu te limiteras
Le nourrissage ne porte pas convenablement son nom : les oiseaux, à la mauvaise saison, sont tout-à-fait capables de subvenir à leurs besoins, il convient donc plus de parler de complémentation alimentaire, afin de simplement les aider à passer les périodes de grand froid.
Les passereaux peuvent, par forte gelée, perdre jusqu’à 10% de leur poids en une seule nuit. On imagine donc parfaitement l’intérêt qu’ils peuvent porter à toute nourriture « facile » à obtenir, d’autant que pour la plupart, il s’agit d’insectivores qui deviennent granivores l’hiver (et passent donc d’un régime majoritairement protéiné à un régime constitué essentiellement de lipides)
Le nourrissage doit donc débuter aux premières gelées, vers novembre, pour se terminer la plupart du temps en mars. Certaines années, il peut être utile pour les oiseaux de prolonger jusqu’à avril, mais de manière exceptionnelle. Avec l’arrivée du printemps, les risques de zoonoses grandissent et il faut donc limiter les rassemblements massifs d’oiseaux sur les mêmes lieux, afin d’éviter la prolifération de maladies.
Règle n°4 : tes mangeoires, régulièrement tu nettoieras
Si les risques de maladie augmentent au printemps, il n’est pas négligeable en hiver : le nettoyage est une étape primordiale pour garantir que nos amis ailés ne seront pas contaminés par des bactéries ou des champignons, surtout par temps humide. Le nettoyage intégral des mangeoires permet d’éviter l’apparition de moisissures, et utiliser des mangeoires avec trémie (réservoir de graines) permet de s’assurer que les graines sont mangées en suivant et ne stagnent pas.
Le nettoyage doit être régulier : pour ma part, je nettoie les mangeoires une fois par mois à minima, à l’eau chaude et au savon de Marseille (sans parfum) ; il faut veiller à éliminer tout reste de nourriture à l’aide d’une brosse, et bien sécher l’ensemble avant de les remettre en place.
Règle n°5 : de l’eau, à disposition tu tiendras
La mise à disposition d’eau propre est envisageable toute l’année : à peu près tous les animaux pourront en profiter, pour peu que l’on veille à maintenir le « réservoir » propre de souillures.
Par grand gel, n’utilisez JAMAIS d’alcool, de sel ou d’antigel ! Il faut simplement veiller à changer l’eau aussi souvent que nécessaire pour éviter qu’elle ne gèle. Un distributeur tel que ceux que l’on met à disposition des rongeurs domestiques est envisageable, et évitera que l’eau ne soit souillée trop rapidement.
Questions / réponses sur le nourrissage hivernal des oiseaux
Pour en savoir plus et bien comprendre le nourrissage au jardin, voici une vidéo éditée par la LPO, très instructive et complète sur le sujet :