Le prix de vente d’une photo

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À l’heure où la photo à quelques centimes est largement démocratisée auprès de certaines entreprises peu scrupuleuses appelées microstocks, déstabilisant depuis des années déjà un marché déjà bien fragile où les acheteurs historiques profitent d’une situation précaire pour les photographes illustrateurs, il devient de plus en plus difficile de fixer le prix de vente des photographies.

Comment, lorsque l’on se lance dans la photographie d’illustration, fixer le prix d’une photo pour une cession de droits d’auteur ? Voici quelques conseils quand on désire se lancer comme auteur photographe, et vendre ses clichés au bon prix.

Disclaimer : cet article n’aborde pas la notion de prestation de services en photographie.

À CONSULTER ÉGALEMENT : Pour en savoir plus sur la vente de photos

Calculer un prix de revient pour ses photos

L’arrivée du numérique, le niveau technique et artistique grandissant d’une population de photographes amateurs toujours plus nombreuse, ont fait que des acteurs du marché professionnel ont profité de la situation, promettant la gloire éternelle contre des parutions gratuites. Ou pire : une rémunération dont personne n’oserait même aborder le montant s’il s’agissait d’une activité salariée mais dont les instigateurs abusent, argumentant sur une volumétrie de vente prometteuse et s’affranchissant des lois qui régissent les droits d’auteur en France et en Europe, au nez et à la barbe de ceux dont ils détruisent le marché !

La finalité dans tout ça ? Il semble que l’amateur ait simplement oublié de se demander combien lui coûte la réalisation d’une photo ! Certains répondront : « En numérique on déclenche, ça coûte rien ! »

En numérique, faire des photos ça ne coûte rien ! : vraiment ?...
En numérique, faire des photos ça ne coûte rien : vraiment ?…

Je conçois que nous n’avons pas tous l’âme d’un comptable (moi le premier), cependant il ne faut toutefois pas être sorti de Saint-Cyr pour savoir que pour réaliser et diffuser une photographie numérique à l’heure actuelle, il faut :

  • du matériel photographique (le budget moyen de l’amateur a été démultiplié ces dernières années)
  • du matériel informatique (post-traitement, stockage…)
  • du temps pour l’indexation des images (leur documentation : identifier les lieux, les espèces, les situations, etc. et les inscrire dans les métadonnées IPTC de chaque image)

Partant de là, étant donné le niveau d’équipement « moyen » que je constate personnellement auprès des photographes alimentant certains microstocks, il ressort qu’un budget matériel d’au moins 1000 € annuel est le GRAND MINIMUM pour un photographe amateur qui renouvelle régulièrement son matériel (je parle là autant du matériel de prise de vue que des équipements informatiques et techniques nécessaires au traitement et à la diffusion des photographies). Pour beaucoup, ce budget est à mon avis sensiblement plus élevé, dans la mesure où beaucoup ont débuté la photographie ces 2/3 dernières années et que la plupart réinvestissent leurs maigres revenus de microstocks dans de nouveaux matériels !

De fait, je ne répondrai pas vraiment à la question posée en titre de cet article, car il n’y a finalement pas de réponse unique. Je souhaite seulement que chaque photographe qui lit ces mots se pose la question :

En cumulant le budget matériel total alloué à la photographie et à tout ce qui y touche, combien faudrait-il que je vende de photos me rapportant 0.34€ (revenu moyen par vente d’un microstock connu) pour amortir mes investissements ?

Pour ma part je n’aurais pas assez d’une vie (je pense) pour arriver à ce nombre de ventes… En tout cas à ce tarif 😀 ! Car contre toute attente, j’ai amorti les trois quart de mes investissements sur mes 3 premières années de pratique photo professionnelle, avec approximativement 400 fois moins de ventes que ce qu’il m’aurait fallu dans un microstock !

Au fil des années, j’ai appris à me satisfaire de mon matériel, et à pleinement amortir ce dernier, avec des bénéfices à 4 chiffres durant des années, alors que la photographie n’est pas mon activité principale. Mais pour cela, je m’étais refusé à une chose : brader le fruit de mon travail.

Quel prix minimal pour une photo ?

Je rappelle que nous discutons là de cessions de droits d’usage et non de vente d’œuvres d’art (tirages numérotés). Il s’agit donc de se faire rémunérer pour un usage donné de ses photographies, délimité dans le temps (durée) et dans l’espace (zone géographique) comme nous l’y oblige la loi française et européenne (et ce que les microstocks ne font jamais…)

Vendre ses photo : quel prix fixer ?

On peut considérer que sur de la photographie en stock (c.à.d prête à l’emploi), le montant facturé doit prendre en considération la préparation du fichier pour le client, une petite partie des moyens mis en oeuvre pour proposer ses photographies aux clients potentiels (l’amortissement de son site web, par exemple) mais aussi le temps administratif qui est consacré à l’action de vente (facturation, etc…) Je m’applique donc une règle simple en matière de tarification, censée prendre en compte ces petits coûts cachés :

  • Pour les cessions de droits d’usage à caractère commercial, j’applique un tarif minimal de 40 €
  • Pour les cessions de droits à usage non commercial hors web, j’applique un tarif minimal de 20 €
  • Pour les cessions de droits à usage web non commercial, je négocie un lien DoFollow (vive le référencement !), n’ayant pas le coeur à facturer 1 € « pour la forme » (nb : je n’accepte évidemment pas toujours !)

Il vous arrivera parfois (si ce n’est déjà fait !) de recevoir des demandes vous brossant dans le sens du poil pour au final, après une longue tirade censée vous mettre les larmes aux yeux tant elle inspire de la pitié, vous demander poliment si vous acceptez de céder gracieusement vos photos…
Mon « record » en la matière vint de la Mairie de Lille (excusez du peu) qui désirait gratuitement l’une de mes photos pour une campagne d’affichage 4×3 destinée à illustrer un événement à dimension européenne. Mais ils ne pouvaient pas me rémunérer, et acceptaient évidemment d’apposer mon nom (en tout petit) sur la photo « pour me faire une bonne publicité ». La leçon est donc la suivante :

À la question : « nous n’avons pas de budget pour rémunérer les photographies, mais nous citerons votre nom ! »

Répondre : « vous avez un budget pour rémunérer le graphiste, l’imprimeur et le rédacteur, il est donc étonnant que vous ne puissiez rémunérer le photographe. Quant au droit de paternité des oeuvres de l’esprit que sont les photographies, c’est une obligation légale, voir article 121-1 du Code de la Propriété Intellectuelle ! »

Comment fixer ses tarifs ?

Le photographe d’illustration travaille généralement auprès de 4 types de clientèle, qu’il doit donc gérer de manières différentes :

  • la presse magazine : généralement les éditeurs disposent de barèmes qu’ils appliquent à leurs magazines ; en cas de demande commencer par leur demander leur barème ce qui simplifiera la négociation 😉 (même si certains petits magazines ne payent pas lourd – parfois 25€/photo pour un quart de page – ils peuvent s’avérer de bons clients en commandant régulièrement des photographies)
  • les éditeurs (de livres) : très variable, généralement rémunéré en pourcentage des ventes (parfois de manière forfaitaire pour les tous petits tirages)… Sur du stock photo, les retombées sont maigres mais régulières et prolongées dans le temps.
  • les collectivités locales et territoriales : préférer les comités touristiques départementaux ou régionaux, qui ont des budgets bien plus conséquents que les petites offices communales, mais se méfier des conditions proposées, très souvent abusives. Les Conseils Généraux sont d’excellents clients (tarif moyen, souvent forfaitaire : entre 60 et 80€/photo), les Conseils Régionaux aussi, bien que plus difficiles à « toucher ».
  • les entreprises : généralement sur commande, mais aussi souvent pour de l’illustration événementielle… Selon l’usage évidemment, mais aussi selon la taille de l’entreprise, on pourra appliquer des tarifs très variables.

Je ne vous proposerai pas (pour cette fois en tout cas !) un barème exhaustif de tarifs de cessions de droits d’usage, sachez toutefois qu’il existe des barèmes accessibles librement sur le web chez nos amis belges et suisses, et depuis juin 2009 en France, qui pourront donner une idée des tarifs applicables.

  • Barèmes de la SOFAM (Belgique) (lien PDF en bas de page)
  • Barèmes Prolitteris (Suisse), à découvrir sur le site de la société Suisse de gestion des droits d’auteur
  • Barèmes UPP (France), fichier PDF initialement diffusé sur le site de l’Union des Photographes Professionnels (ex UPC) et consultable en ligne – ATTENTION, barèmes 2010 (vous pouvez acheter la version à jour ici)

Notez que ces barèmes ne sont qu’indicatifs et que dans de nombreux cas (notamment les parutions presse et encore plus dans l’édition), ils sont assez rarement appliqués.

Évidemment, il est toujours possible (et conseillé !) dans une démarche commerciale, d’accorder quelques arrangements quand votre interlocuteur peut vous apporter d’autres choses en retour. Je n’ai jamais rechigné à vendre « à perte » (si l’on peut dire) aux jeunes magazines familiaux prometteurs (je ne parle pas de certains torches-c.. innommables que l’on trouve en kiosques, aux photos pixelisées car certainement pompées sur le web et qui nous ressortent du réchauffé à chaque nouveau numéro !) car tout comme les photographes débutants peuvent avoir besoin d’un coup de pouce, il en va de même pour les jeunes magazines.

Fixer ses tarifs : ne pas dévaloriser son travail !

De la même façon, je conseille toujours de privilégier la collaboration au niveau local « en entrant par la petite porte » et en offrant quelques visuels (mais avec un contrat de cession en bonne et due forme pour en délimiter les contours en matière de droits d’usage, évidemment !) : un jour où l’autre les retours peuvent être payants !

À vous de jouer !

Comme écrit ci-dessus, la tarification d’une photographie ne se fait pas à la légère : de nombreux paramètres entrent en compte, et en aucun cas la cession ne pourra être forfaitaire comme le proposent certaines microstocks. Calculez votre prix de revient approximatif (ne serait-ce qu’en fonction de vos équipements !) ; en cas de doute, n’hésitez pas à demander au client s’il possède ses propres barèmes (quand c’est le cas ils vous sont généralement envoyés sans problème). Et n’hésitez pas à répondre « sèchement » à celles et ceux qui veulent vous prendre votre travail pour une gloriole éphémère !

Je conclurai en réaffirmant ceci : si vous pensez sincèrement que votre travail ne mérite pas mieux que quelques dizaines de centimes, alors oui, vendez dans des microstocks. Dans le cas contraire, bougez-vous et décidez intelligemment de la valeur de votre travail en calculant simplement votre prix de revient !

Shooting photo : louez un lieu qui raconte une histoire

On ne va pas se mentir, le choix du lieu est souvent la clé d’un shooting réussi. Un parc ombragé, une rue pavée au petit matin… Oui, ça peut avoir son charme, mais les aléas sont bien présents, comme une épée de Damoclès : un joggeur dans le cadre, un passant trop curieux ou pire, une averse qui ruine la séance. Alors, pourquoi ne pas voir les choses autrement et louer un lieu rien qu’à vous ?

Imaginez une villa lumineuse, un loft industriel ou même un jardin secret. Ces lieux privés sont de véritables terrains de jeu où tout est possible, sans compromis ni distractions. À l’instar de l’équipe de WAKUP Location, certains experts en la matière vous proposent une sélection de lieux spectaculaires qui peuvent transformer vos projets photo en véritables œuvres d’art.

Si vous pensez que le fait de louer un espace est un luxe, détrompez-vous ! Il s’agit en réalité d’une stratégie. Elle vous offre un contrôle total sur l’ambiance, la lumière, et même les petits détails qui, on le sait, font toute la différence. Alors, quitte à investir dans un shooting, autant mettre toutes les chances de votre côté avec la location d’un cadre qui sublime vos idées. Après tout, une belle photo commence par une belle histoire, et chaque histoire mérite son propre décor.

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