Forêts primaires : l’avenir pour nos écosystèmes ?

Forêt primaire en Europe

On entend de plus en plus parler, dans les débats et l’actualité, de forêts primaires. Mais qu’est-ce qu’une forêt primaire ?
Traditionnellement appelée « forêt vierge », la forêt primaire est une forêt exclusivement composée d’essences d’arbres et de plantes dites indigènes, et où l’homme n’a jamais laissé de traces visibles ni apporté de nouvelles espèces. Véritable réservoir de biodiversité, la forêt primaire est un élément essentiel pour le préservation de l’habitat de certaines espèces, et peut abriter des espèces parfois endémiques (à l’image du pin noir dans le Parc national de Sutjeska, en Bosnie-Herzégovine).

En Europe, les forêts primaires sont aujourd’hui rarissimes, et il n’existe plus, en France, que des forêts secondaires, furent-elles anciennes (c’est-à-dire exploitées ou réagencées par la main de l’homme à un moment donné)

Les forêts primaires en Europe

À CONSULTER ÉGALEMENT : Pour en savoir plus sur la nature et l’environnement

Bison d'Europe

La plus connue des dernières forêts primaires européennes est en Pologne, à cheval sur la frontière avec la Biélorussie : avec 125000 hectares, la forêt de Białowieża est la forêt vierge la plus vaste d’Europe. Elle se serait formée il y a 10000 ans, lors de la dernière période glaciaire que l’Europe a connu. Vestige de la gigantesque forêt hercynienne (une vaste forêt primaire qui recouvrait l’Europe centrale avant l’ère chrétienne), elle abrite aujourd’hui l’une des dernières populations de bisons d’Europe sauvages (réintroduits sur la première moitié du XXème siècle, et constituant 25% de la population mondiale de l’espèce) mais aussi le loup d’Europe, et le konik, une espèce de chevaux descendante directe des tarpans, ces équidés sauvages qui peuplaient l’Europe durant l’ère glaciaire.

La Biélorussie abrite une autre forêt primaire, dans la réserve de Berezinsky. Cette réserve naturelle intégrale, qui s’étend sur plus de 1100 km², abrite les grands mammifères les plus prestigieux : le loup gris d’Europe, l’ours brun, le lynx boréal, mais aussi le bison d’Europe, l’élan européen, le castor et même le chien viverrin.

Bien plus au sud, le dernier massif remarquable de forêt primaire siège en Bosnie-Herzégovine, dans le parc naturel de Sutjeska. D’une superficie de seulement 13 km², elle abrite le plus grand spécimen d’épicéa commun au monde (63m), ainsi que le pin noir, une espèce endémique d’arbre. Les grands prédateurs y sont également présents (ours brun, loup d’Europe).

À l’extrême nord de la Scandinavie, ce sont 99 000 hectares de forêt primaire qui trouvent leur place dans le parc national Urho Kekkonen. On retrouve également des parcelles en Russie, en Roumanie, et plus généralement en Europe de l’Est.

Le projet fou de Francis Hallé : replanter des forêts primaires

Le projet de Francis Hallé, célèbre biologiste et botaniste français, est simple : reconstituer en Europe, sur environ 70 000 hectares à cheval sur la France, un grand massif forestier s’inscrivant dans une dynamique de reforestation naturelle : un projet qui demandera… 8 à 10 siècles d’évolution afin d’arriver à son stade final, siècles durant lesquels l’utilisation des ressources naturelles sera scrupuleusement interdite pour l’homme.

Ce projet ambitieux a plusieurs objectifs en lien avec la préservation de l’environnement : tout d’abord lutter contre le réchauffement climatique, par une très forte capacité de décarbonation ; mais aussi proposer un réservoir unique pour la biodiversité européenne : grands mammifères évidemment, mais également micro-mammifères, champignons, plantes, insectes… Outre le fait de faciliter et favoriser la recherche fondamentale sur la nature, ce projet permettra également de préserver l’équilibre du vivant au sein d’écosystèmes suffisamment vastes et variés, notamment pour endiguer les pandémies. Enfin, il jouera un rôle essentiel dans la régulation climatique et la gestion des ressources hydriques.
Vous pouvez bien entendu consulter le projet dans les détails.

Un rêve pour les photographes animaliers et les naturalistes ?…

Ours brun

En tant que photographe animalier, je ne puis que me féliciter de la naissance d’un tel projet, même si je sais que je n’en verrai jamais l’aboutissement.

Je n’ai à ce jour jamais eu l’occasion de me rendre dans des forêts primaires (Białowieża fait partie de ma « todolist » en matière de voyages), j’ai pu toucher du bout des doigts ce à quoi peuvent ressembler ces dernières, lors d’un périple à la frontière entre l’Allemagne et la Tchéquie, sur le Plattenhausenriegel. Les paysages de ce site, entre Forêt de Bavière et Forêt de Bohème, sont proches de ce que peuvent être les forêts primaires européennes.

Il faut également être conscient que, si un tel projet voit le jour, il ne laissera que peu de place au tourisme, fut-il « vert » ou « naturaliste ». La photographie animalière a connu un tel essor ces 10 dernières années, qu’il est vain aujourd’hui de laisser libre accès au grand public à des zones protégées : le risque est bien trop grand, face aux comportements irresponsables de nombre de personnes, et plus particulièrement de certains photographes…

Mais au-delà de mes envies et de mes rêves de photographe et d’amoureux de la nature, c’est avant tout le volet environnemental qui me plaît, à une heure où notre planète subit les affres de l’humanité, et où le business et les complaisances politiques passent bien avant la sauvegarde de notre biodiversité : je soutiens pleinement ce projet !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut