L’observation de la faune, qu’elle soit pratiquée par le naturaliste chevronné ou l’amateur éclairé et que ce soit à des fins photographiques ou simplement pour le plaisir, nécessite un équipement optique souvent sous-estimé chez les débutants : les jumelles. Ces instruments d’optique, prolongements de la vue humaine, se doivent d’être choisis de manière adaptée pour garantir l’acuité et la profondeur de l’expérience terrain.
J’ai à mes débuts vraiment sous-évalué la nécessité d’avoir un équipement de qualité, mais je l’ai vite regretté car si les jumelles ne font pas de photos, elles sont un précieux allié pour l’observation et la préparation des sorties ! Voici une exploration exhaustive des critères à considérer pour l’acquisition de jumelles adaptées à votre pratique et à votre budget, soulignant l’importance de la performance optique, de l’ergonomie, et de la résilience face aux éléments, car oui : les jumelles peuvent se dégrader ! Explications.
Comprendre les caractéristiques techniques des jumelles
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Grossissement et diamètre de l’objectif
Les jumelles sont traditionnellement désignées par deux chiffres, tels que 8×42. Le premier chiffre renvoie au grossissement, indiquant combien de fois l’objet observé apparaîtra plus proche comparé à la vision usuelle à l’œil nu. Le second chiffre, mesuré en millimètres, se réfère au diamètre de l’objectif, influençant comme pour nos objectifs photographiques, la quantité de lumière captée.
| Grossissement | Avantages | Inconvénients |
|---|---|---|
| 8x | Stabilité de l’image, large champ de vision | Moins de détails pour les objets très éloignés |
| 10x | Détails plus fins visibles pour l’observation lointaine | Moins stable à main levée, champ de vision réduit |
| 12x et plus | Idéal pour des observations à grande distance | Nécessite souvent un trépied pour la stabilité, champ de vision plus réduit |
Ainsi, un diamètre plus large promettra une meilleure performance dans des conditions de faible luminosité, essentielle pour l’observation à l’aube ou au crépuscule, moments privilégiés pour la faune, ou en sous-bois où la luminosité fait parfois défaut.
| Diamètre (mm) | Avantages | Inconvénients |
|---|---|---|
| 32 | Légèreté et compacité | Moins lumineuses, peuvent être inadaptées au crépuscule |
| 42 | Bon compromis entre luminosité et portabilité | Peut être insuffisant dans des conditions de très faible lumière |
| 50 | Excellente performance en basse lumière | Plus lourdes et encombrantes |
Et comme pour les objectifs photographiques, grossissement et luminosité plus élevés signifient généralement poids plus important : c’est donc une question importante quand la paire de jumelles vient s’ajouter au poids total du sac du photographe animalier.
Le cercle oculaire
Quand vous approchez l’œil de l’oculaire, un petit disque lumineux apparaît au centre : c’est le cercle oculaire. Il correspond au faisceau de lumière transmis par les jumelles, et dépend directement du grossissement et du diamètre des jumelles. Pour un confort optimal, ce cercle doit être plus large que votre pupille, sans quoi une partie de la lumière est perdue et l’image devient floue ou sombre.
En principe le calcul du diamètre de ce cercle est simple : diamètre de l'objectif ÷ grossissement = diamètre du cercle oculaire.
Pour une paire de 8×42, le diamètre sera donc de 42 ÷ 8 = 5.25mm. C’est ce qui explique que des jumelles plus lumineuses et avec un grossissement moindre seront toujours plus confortables à l’usage !
La pupille varie naturellement entre 2 et 7 mm selon la lumière et l’âge. Assurez-vous donc que le diamètre de sortie indiqué par le fabricant est suffisant pour votre usage, surtout en conditions de faible luminosité.
Le champ de Vision des jumelles
Le champ de vision, exprimé en mètres à une distance de 1000 mètres, ou en degrés, détermine la largeur de la zone visible à travers les jumelles. Un champ de vision élargi est préférable pour suivre les animaux en mouvement et pour repérer aisément la faune dans des espaces vastes.
En pratique, un champs de vision plus large (idéalement 130m à 1000m pour les modèles « wide ») offre un confort à l’usage réellement avantageux pour l’observation : c’est un critère important à mon sens !
La distance minimale de mise au point
Si elle n’est pas très utile pour l’ornithologie, pour l’entomologie c’est un élément essentiel : la distance minimale de mise au point permet en effet d’observer les animaux à très courte distance, ce qui lorsqu’on recherche des sujets pour la macrophotographie, peut être une approche insoupçonnée pour détecter les sujets !

J’ai souvent utilisé mes jumelles en macro pour trouver les insectes dans les herbes : étonnant, mais rudement efficace ! Pour l’observation des gros spécimens (papillons, libellules), les jumelles sont également des alliés de taille.
Prisme de Porro ou prisme en toit ?
Le choix entre les prismes de Porro et les prismes en toit influence la forme, la taille et la qualité de l’image. Les prismes de Porro offrent une perception de profondeur et un champ de vision supérieurs, tandis que les prismes en toit se distinguent par leur forme compacte et leur durabilité accrue, au prix d’un budget généralement plus élevé car la conception technique est bien souvent plus complexe (nécessité d’alignement parfait des lentilles dans le système optique).
| Type de Prisme | Avantages | Inconvénients |
|---|---|---|
| Porro | Perception de profondeur, champ de vision | Plus volumineux et lourds |
| En Toit | Forme compacte, durabilité | Coût plus élevé, nécessite un alignement précis |
Si les jumelles en prisme de Porro offrent (pour les modèles haut de gamme) des performances optiques exceptionnelles, leur manque de compacité n’en fait pas un choix idéal en pratique.
Le traitement des lentilles : un élément essentiel pour la qualité optique
Le traitement antireflet des lentilles est primordial pour maximiser la transmission de lumière et minimiser la dispersion, assurant ainsi une image claire et lumineuse. Certains modèles sont munis de verres ED (Extra-low Dispersion) afin de lutter contre les aberrations chromatiques, ou de lentilles asphériques.

Les jumelles haut de gamme bénéficient souvent de revêtements multicouches sur toutes les surfaces en verre (comme les optiques photographiques) : un atout non négligeable pour l’observation naturaliste car ce type de traitement permet d’améliorer le contraste et de limiter fortement les pertes de lumière (à tel point que l’on voit mieux dans la pénombre avec les modèles les plus performants, qu’à l’œil nu !) ; il est possible de trouver de nombreux modèles sur des sites comme jumelles.com, qui offrent toutes les caractéristiques nécessaires pour des performances optimales.
Éléments Ergonomiques et de Confort
Si les caractéristiques techniques définissent les performances brutes de votre paire de jumelles, l’ergonomie n’est pas à négliger (et est d’ailleurs intimement liée aux caractéristiques du modèle que vous aurez choisi !) ; sans surprise, ce sont souvent les modèles les plus onéreux qui sont les plus confortables à l’œil, mais aussi dans le sac !
Poids et encombrement des jumelles
Le poids et la forme des jumelles doivent permettre une manipulation aisée et un port prolongé sans fatigue. Les modèles avec une armature en magnésium offrent un compromis optimal entre légèreté et résistance.
Par leur forme, les jumelles en prisme de Porro sont les plus encombrantes, et souvent les plus lourdes. Les jumelles à prisme en toit seront un choix évident pour le photographe animalier pratiquant la billebaude, en recherche de gain de poids pour ses déplacements (et plus généralement pour le naturaliste adepte de randonnée).
Référence sur la randonnée : https://fr.wikipedia.org/wiki/Randonn%C3%A9e
Étanchéité et traitement antibuée
La présence de joints toriques et le remplissage à l’azote ou à l’argon garantissent l’étanchéité et protègent contre la formation de buée à l’intérieur des jumelles, des caractéristiques essentielles pour les utilisateurs fréquentant des milieux humides ou variantes.
Les modèles haut de gamme ont également parfois des verres externes anti griffes et traités hydrophobes, ce qui limite les risques de dommages en terrain difficile.
Distance de la pupille de sortie
La distance de la pupille de sortie, mesurée en millimètres, indique la facilité avec laquelle l’utilisateur peut aligner ses yeux avec les lentilles. Une distance généreuse est particulièrement avantageuse pour les porteurs de lunettes.
Pour les porteurs de lunettes, l’utilisation de jumelles n’est pas limitée par le port de verres correcteurs. L’utilisation de bonnettes ajustables permet de solutionner le problème de l’écart causé par les lunettes entre les yeux et les oculaires.
Les bonnettes sont des protections en caoutchouc trouvées sur les oculaires qui peuvent être rétractées ou retirées pour ajuster la distance oculaire. Avant d’acheter des jumelles, il est recommandé de vérifier la présence et l’ajustabilité de ces bonnettes pour assurer une expérience visuelle confortable et sans compromis.
Choisir ses jumelles pour l’observation naturaliste : mes conseils
Il est souvent difficile de donner des conseils précis pour orienter le choix sur tel ou tel modèle d’équipement : les marques et la technologie évoluent dans le temps, et tous les modèles ne sont pas suivis d’une année sur l’autre.

Néanmoins, les caractéristiques restent dans les grandes lignes les mêmes, et je ne saurais trop que vous conseiller de vous orienter vers un modèle relativement compact, traité à l’azote (étanche au gaz), et avec une luminosité correcte : ne privilégiez pas le grossissement, mais la qualité !
Mon choix personnel : jumelles prisme en toit 8×42, étanches au gaz, compactes et à traitement optique intégral.
| Caractéristiques | Entrée de Gamme | Milieu de Gamme | Haut de Gamme |
|---|---|---|---|
| Grossissement | 8x à x10 | 8x à 10x | 8x à 15x (stabilisation optique en option) |
| Diamètre de l’Objectif | 32 à 42mm | 32 à 42mm | 42 à 50mm |
| Champ de Vision | 110m @ 1000m | 115m @ 1000m | 130m @ 1000m |
| Distance min. de mise au point | > 3m (8×42) | < 3m (8×42) | < 2m (8×42) |
| Type de Prisme | Porro / En toit | En toit | En toit |
| Traitement des Lentilles | Multicouche | Multicouche intégral | Multicouche intégral |
| Poids | > 700g | < 700g pour les 8×42 | < 650g pour les 8×42 |
| Étanchéité/Anti-buée | Non | Oui | Oui (azote) |
| Durabilité | Standard | Renforcée | Militaire |
| Distance pupille de sortie | 5mm | > 15mm | > 18mm |
| Accessoires inclus | Étui, courroie | Étui premium, courroie de cou, capuchons | Étui premium, courroie de confort, capuchons, adaptateur trépied |
| Budget approximatif | < 300€ | 300€ – 600€ | > 600€ |
Questions / réponses sur le choix des jumelles photo
Quelles jumelles pour observer la nature ?
Il est préférable d’opter pour des jumelles légères et lumineuses, avec une distance de mise au point court, et ne pas succomber à la tentation des grossissements importants, peu confortables. Les 8×42 à prisme en toit sont un choix idéal, lumineuses et compactes.
Quelle est la différence entre des jumelles 8×42 et 10X42 ?
La principale différence tient au grossissement, plus important sur les 10×42. Toutefois, les 10×42 seront à l’usage moins lumineuses et offriront un champs de vision 20% moins large que des 8×42 du même modèle (soit 20 à 30m de moins à 1000m)
Faut-il choisir des jumelles à prisme de Porro ou à prisme en toit ?
Le type de prisme — Porro ou en toit — influe à la fois sur l’ergonomie des jumelles et sur la restitution de l’image. Les modèles à prismes de Porro, plus larges en main, offrent une belle perception du relief et un champ de vision généreux. À l’inverse, les prismes en toit permettent une construction plus compacte et résistante, mais leur conception optique plus complexe justifie souvent un tarif plus élevé.
Quel grossissement est conseillé pour l’observation des animaux à la jumelle ?
Idéalement, le grossissement doit être compris entre x8 et x12 au maximum. Au-delà, l’observation sera inconfortable sans trépied ou point d’ancrage. Un modèle x8 ou x10 est un bon consensus pour les mammifères ou les oiseaux.





Comment fonctionne le grossissement des jumelles ?
Les jumelles permettent de rapprocher visuellement un sujet lointain, comme si vous avanciez vers lui sans bouger. Par exemple, avec une paire 8×42, l’image paraît 8 fois plus proche qu’à l’œil nu — ce qui ne signifie pas 8 fois plus grosse, mais 8 fois plus près. Ainsi, un grossissement de 10x donne l’impression de voir un objet situé à 200 mètres comme s’il se trouvait à seulement 20 mètres.