La billebaude est une technique photographie consistant, au cours d’une randonnée ou d’une promenade en milieu naturel, à réaliser des approches et/ou de courts affûts au gré de ses rencontres. Si cette technique offre souvent de belles sensations et a l’avantage de pouvoir se pratiquer sur des laps de temps parfois courts (c’est mon cas, notamment le matin avant d’aller au bureau, où je ne dépasse que très rarement l’heure de présence sur le terrain), elle n’en demeure pas moins fortement sanctionnée par le « facteur chance » !
Il n’est en effet pas rare de revenir bredouille, même si souvent on s’offre des instants fabuleux lorsqu’au petit matin, le soleil pointe le bout de ses rayons, éveillant la nature encore endormie sous la rosée et parfois la brume matinale. Ambiance magique !
Il existe toutefois quelques petits trucs simples pour optimiser ses chances de réussite…
À CONSULTER ÉGALEMENT : Pour en savoir plus sur le camouflage et les techniques d’approche…
Première étape : le repérage « naturel »
Ce que j’appelle « repérage naturel » est tout simplement le premier repérage que l’on fait, en passant en voiture ou à vélo, ou à pieds bien entendu, sur un lieu susceptible d’offrir des caractéristiques intéressantes pour une billebaude. Il m’arrive souvent de faire de petits détours en voiture, lorsque je rentre du travail ou que je me rends chez des amis, pour « jauger » les possibilités du terrain (en clair : je regarde si je vois des animaux ! Si j’en vois, je note l’heure et l’endroit)
Je préfère généralement les zones de lisières à proximité de grandes cultures car les mammifères aiment généralement venir s’y réfugier… ou s’y nourrir ! La nature de la végétation est aussi intéressante à prendre en compte, ainsi que la présence de petits cours d’eau. Enfin, je privilégie les zones chassées l’hiver (!) car où il y a des chasseurs, il y a des animaux 😉
Attention à bien respecter les propriétés privées, ou à défaut demander les autorisations aux propriétaires, si le coin est vraiment intéressant : généralement ils ne refusent pas si on leur propose en échange quelques tirages des sujets photographiés !
Lorsqu’un endroit donné offre un peu de régularité sur un sujet (les chevreuils par exemple sont relativement routiniers), j’entreprends alors l’étape suivante.
Deuxième étape : l’évaluation du ou des parcours potentiel(s)
Cette deuxième étape passe tout d’abord par l’étude cartographique des parcours potentiels possible sur le lieu visé pour nos futures sorties. J’utilise à l’origine le logiciel CartoExplorer, édité par l’IGN. Ce logiciel peu onéreux mettait à notre disposition la cartographie IGN au 1:25000ème par moitié de département, généralement.
Outre le fait de mettre à disposition les cartes IGN de son département, le logiciel en permettait l’édition couleur (limitée au A4 toutefois) à différentes échelles, permet de trouver un lieu-dit par son nom, de définir des points d’intérêts, des tracés et de mesurer des distances. Mais il permettait également d’afficher le dénivelé d’un parcours, ce qui est fort intéressant quand doit évoluer sur le terrain !
Aujourd’hui, il existe une solution gratuite et accessible à tous : Geoportail ! Lors de sa mise en ligne voici quelques années, ce service était payant sous forme d’abonnement : aujourd’hui, ce n’est plus le cas, il est totalement gratuit ! S’il offre beaucoup de fonctionnalités (notamment l’affichage des zones autorisées ou interdites pour l’aéromodélisme !) il ne permet pas d’afficher le dénivelé sur un parcours ce qui est dommage.
L’exploration cartographique du lieu permet de voir les chemins, leurs jonctions, la disposition des lisières, des clairières, des cours d’eau et donc de définir les parcours potentiels par rapport à l’exposition lumineuse (par rapport au nord, affiché sur la carte).
Une fois le parcours définit, on le trace et on voit ainsi la distance à parcourir :
Ce point de départ permet de se faire une idée des déclinaisons possibles du parcours, selon le temps que l’on a à y consacrer. On peut aussi afficher le dénivellé, ce qui permet d’établir quelques points de repères pour les repérages d’ensembles (depuis les hauteurs par exemple).
À partir de là, on peut alors passer au repérage physique sur le terrain (car il arrive que la cartographie ne révèle pas toutes les facettes du parcours ! Il m’est arrivé de découvrir des clairières non indiquées, par exemple).
Troisième étape : un premier parcours
Ce repérage physique est à mon sens une étape indispensable avant d’entreprendre réellement une série de billebaudes, car connaître le terrain sur lequel on évolue permet de mettre de son côté tous les atouts pour la réussite de ses photos. Au-delà des éléments propices au camouflage (zones masquées par un arbre mort ou un rocher, trous, bosses…) il est important de noter dans un carnet ou sur sa « feuille de route » (qui est ma carte au format A4 ; c’est la méthode que je préfère) les petits détails rencontrées sur le parcours (type de végétation, éventuelles espèces intéressantes de plantes pour de futures sorties macro, traces de passages, empreintes, coulées, chants d’oiseaux singuliers…)
Le type de sol a aussi son importance, ainsi que la présence de branchages, feuilles mortes, etc… pouvant générer du bruit lors des progressions.Il est intéressant aussi de pouvoir évaluer quels seront les matériels les plus adaptés à la billebaude (équipement léger type 300/4 pour les zones fort vallonées ou montagneuses, ou 500/4 sur monopode et rotule pendulaire pour la progression en terrain plat et relativement découvert, par exemple) ; de la même façon, le type de végétation environnant définira quels vêtements de camouflage seront les mieux adaptés (éviter les motifs « sous-bois automnal » en zones verdoyantes !)
Mais deux éléments prépondérants sont à absolument prendre en compte : le sens du vent (dans les zones vallonées il est rarement changeant) et la qualité et l’orientation de la lumière !
Les mammifères ont généralement un odorat très développé et notre odeur est la cause de 90% des échecs, parfois sans même que nous nous doutions de la présence des sujets ! De plus, le vent « transporte » le bruit et accentue donc les risques de nous faire repérer. Quant à la lumière, disons qu’elle est juste vitale à la réussite d’une photographie (inutile de rappeler que les meilleurs moments de la journée sont le matin au lever du jour, ou le soir au soleil couchant)
Dernière étape : passer à l’action !
Une fois les trois premières étapes franchies, ne reste plus qu’à surveiller la météo, et risquer sa première sortie ! Il est à mon avis important, au gré de ses randonnées, de noter ses rencontres (lieu et heure précises) et de ne pas hésiter à documenter encore et encore sa feuille de route, de manière à capitaliser en quelque sorte, toutes les connaissances de terrain que l’on pourra accumuler au gré de ses essais. L’expérience et la connaissance du milieu acquis, les chances de réussite n’en seront alors que démultipliées lorsque, au détour d’une lisière, vous croiserez le sujet de vos rêves 😀
En guise de conclusion, je vous propose quelques liens vers des photos réalisées avec cette technique :
Bel article une fois de plus. Tu as l’art de dire les choses les plus importantes 🙂 Je fais quasiment la même chose que toi 🙂
Je rajouterai que je préfère nettement une paire de vielle basket dont on apprécie la souplesse et le confort (j’y suis comme dans des chaussons) que des chaussures de randonnée en cuir pour la billebaude en forêt avec les branches et les feuilles. Je fais bien moins de bruit avec.
Ensuite, avoir un équipement tropicalisé un minimum ou des protections de boitiers/objectifs permet d’aller en billebaude lors de journées qui alternent éclaircies et orages comme en ce moment. La lumière est superbe à 19h30 – 20h30 après un orage 🙂 Certains de mes amis ne sortent pas s’ils voyent qu’il va pleuvoir …
C’est con mais ça aide à faire la photo de sa vie … jusqu’à la prochaine 😉
A propos de Cartoexplorer, la rumeur court que ce logiciel n’est pas compatible Mac et Linux…J’ai vu ça sur un forum en faisant une recherche. Renseignez-vous avant achat…
Eh bien grâce à toi je viens de découvrir cet animal que tu chéris tant apparemment : le « Felis Sylvestris ». Très intéressant de savoir qu’il y a ce genre de félins dans la nature.
Je ne suis pas un grand passionné de la nature et passe beaucoup plus de temps devant mon écran d’ordinateur que dans les terrains que tu décris. Je pense que je passe à côté de quelque chose. Jolis clichés en tout cas 🙂
Très bel article ! Je vais le faire lire à mon mari dès ce soir. Il est photographe de métier et c’est un amoureux de la nature.
Très intéressant