Découverte : le hérisson d’Europe

L’atmosphère du sous-bois crépusculaire s’emplit d’un froissement de feuilles : le hérisson d’Europe (Erinaceus europaeus) vient d’entrer en scène. Cette boule de piquants, symbole discret de nos jardins, mérite que l’on s’y attarde pour mieux la comprendre – et, surtout, la préserver.

Les hérissons (Erinaceus europaeus) font parti de ces animaux dont la destinée est très souvent liée aux actions humaines… Mais il arrive parfois qu’ils « cherchent » un peu les ennuis !!! À l’image de ce jeune hérisson, qui n’avait rien trouvé de mieux que de se cacher… sous l’énorme pneu d’un tracteur, dans une cour de ferme 😉

Les hérissons sont malheureusement des animaux que je vois le plus souvent morts le long des routes… Je me demande toujours comment font ces automobilistes pour les tuer : faisant 60 km par jour depuis plus de 10 ans sur les routes auboises, jamais je n’ai tué de hérisson, ayant toujours réussi à les éviter sans écarts ou risques particuliers… Une conduite souple et à vitesse modérée dans les endroits stratégiques permet de limiter les incidents avec la faune sauvage, tout en réduisant votre consommation (donc en préservant votre porte-monnaie) et votre pollution !

Description du hérisson

Sous son manteau de quelque 6 000 piquants brun-crème, le hérisson présente un corps trapu de 20 à 30 cm pour un poids oscillant entre 600 g au sortir de l’hibernation et plus d’1 100 g à l’automne, lorsqu’il fait ses réserves lipidiques.

Son museau mobile, prolongé de vibrisses sensitives, travaille de concert avec une ouïe fine – essentiels pour localiser lombrics et coléoptères dans la pénombre. Les membres courts, terminés par de robustes griffes, creusent, grattent, fouillent la litière. Quant à la queue, elle demeure presque vestigiale, à peine 2 cm.

Particularité défensive majeure : le réflexe de roulade. Dès l’alerte, un puissant muscle orbiculaire contracte la peau, hérissant les piquants et transformant l’animal en sphère imprenable. Cette stratégie, efficace contre les renards, l’est moins face aux pneus ou lames de débroussailleuses, premières causes de mortalité.

Habitat et répartition

L’aire de distribution couvre la quasi-totalité de l’Europe tempérée, depuis la péninsule Ibérique jusqu’à la Baltique, avec des incursions au sud de la Scandinavie et jusqu’aux contreforts caucasiens. L’espèce affectionne les habitats écotoniaux : lisières forestières, haies bocagères, prairies pâturées et mosaïques jardinières.

Fait notable, les enquêtes britanniques montrent désormais une densité plus élevée en zone urbaine qu’en milieu agricole intensif, preuve de sa faculté d’adaptation… et des carences du paysage rural moderne en abris et insectes.

Un régime alimentaire salvateur pour nos potagers

Carnivore opportuniste, le hérisson s’attaque volontiers aux invertébrés qui ravagent semis et fraisiers ; son menu type se décline ainsi :

• lombrics et limaces juteuses (jusqu’à 30 % de la ration) ;
• coléoptères carabiques et cétoines ;
• chenilles, perce-oreilles, mille-pattes ;
• complément plus occasionnel : œufs au sol, petits batraciens, fruits tombés.

Ainsi, accueillir ce macrofaune auxiliaire revient à substituer une brigade sanitaire gratuite aux granulés chimiques.

Statut et protection du hérisson

La mise à jour 2024 de la Liste rouge de l’UICN a fait passer l’espèce de « Préoccupation mineure » à « Quasi menacée », les recensements européens accusant un déclin approchant 30 % sur dix ans. En France, un arrêté ministériel de 1981 lui octroie une protection intégrale : capture, vente ou détention sont prohibées.

Mettre en œuvre ces parades relève autant de la responsabilité citoyenne que des politiques publiques.

Porté par ses piquants scintillants, le hérisson d’Europe traverse nos nuits, révélant la fragilité de cette nature de proximité que l’on pense acquise. En l’observant, en ajustant l’ouverture pour capter son museau frémissant, le photographe devient médiateur : il raconte le vivant et ses menaces.
À vous, désormais, de laisser une brèche sous la clôture, de bannir les granulés et de prêter l’oreille – avec un peu de chance, le froissement feutré d’un visiteur nocturne répondra à votre bienveillance.

Questions/réponses sur les hérissons